Retour progressif à l’activité physique après avoir eu la COVID-19
Dr Martin Juneau, M.D., FRCP Cardiologue et Directeur de la prévention, Institut de Cardiologie de Montréal. Professeur titulaire de clinique, Faculté de médecine de l'Université de Montréal. / Cardiologist and Director of Prevention, Montreal Heart Institute. Clinical Professor, Faculty of Medicine, University of Montreal.
EN BREF
Les personnes présentant des symptômes persistants ou qui ont eu une forme sévère de COVID-19 ou qui ont des antécédents suggérant une atteinte cardiaque doivent consulter un médecin avant de reprendre l’activité physique.
Les personnes qui ont eu une forme légère de COVID-19 et qui désirent recommencer à faire de l’activité physique doivent le faire très graduellement.
Ne reprenez l’exercice qu’après au moins sept jours sans symptômes et commencez par au moins deux semaines d’effort minimal.
Utilisez l’autosurveillance quotidienne pour suivre vos progrès et déterminer quand demander de l’aide médicale supplémentaire, au besoin.
Nous présentons ici un condensé des directives et conseils d’organismes de santé publique pour le retour à l’exercice après la COVID-19 (articles en anglais ici, ici, ici et ici).
Après une forme légère de COVID-19, certaines personnes ont un rétablissement prolongé, en particulier lorsqu’elles tentent de reprendre l’exercice. De plus, plusieurs personnes atteintes ont complications potentielles à long terme de la COVID-19, y compris le syndrome COVID chronique (syndrome post-COVID ou COVID long), la maladie cardiopulmonaire et les séquelles psychologiques chez certaines personnes (1, 2, 3, 4). Cet article présente une approche pragmatique pour aider les personnes à reprendre l’activité physique en toute sécurité après une infection symptomatique du SRAS-CoV-2, en se concentrant sur ceux qui ont perdu leur forme physique ou qui ont eu une période d’inactivité prolongée, mais qui n’ont pas un syndrome COVID chronique.
Les bienfaits de l’activité physique pour la santé, aussi bien pour la santé cardiovasculaire que pour la santé mentale, sont bien établis (5, 6). À l’inverse, les méfaits de l’inactivité physique en font un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles dans le monde, tout comme le tabagisme ou l’obésité (7). Avant la pandémie de COVID-19, la majorité des Canadiens adultes (82,5 %) ne respectaient pas les directives en matière d’activité physique (au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine à raison d’au moins 10 minutes par séance) et sont sédentaires pendant la majeure partie de la journée (9,6 heures) (8). Il y a eu une nouvelle baisse de l’activité physique depuis le début de la pandémie chez les personnes souffrant de maladies chroniques comme l’obésité et l’hypertension (9), des conditions qui sont associées à des formes sévères de la COVID-19 (10). De brefs conseils peuvent aider les gens à entreprendre une activité physique, avec les effets positifs sur la santé qui en découlent, et aider ceux qui se rétablissent d’une maladie à retourner aux niveaux précédents d’activité physique ou au-delà (11). Certaines personnes peuvent ne pas savoir comment et quand reprendre une activité physique après le COVID-19, et si cela est sans danger. Certains ont peut-être essayé de revenir à leur exercice de base et ont constaté qu’ils n’étaient pas en mesure de le faire.
Il faut consulter un médecin avant de faire de l’exercice après avoir eu la COVID-19 lorsque :
La maladie a nécessité un traitement à l’hôpital.
Une myocardite a été diagnostiquée.
Vous avez éprouvé des symptômes cardiaques pendant la maladie (douleurs thoraciques, palpitations, essoufflement sévère ou syncope).
Vous éprouvez des symptômes persistants (respiratoires, gastro-intestinaux, rhumatismaux ou autres).
Si vous n’avez eu aucune complication durant la maladie et que vous n’avez plus de symptômes depuis 7 jours, vous pouvez recommencer progressivement à faire de l’activité physique (Figure 1) :
Reprise en quatre phases (minimum de 7 jours à chaque phase) :
Phase 1 : Activité physique de très faible intensité, telle que des exercices de flexibilité et de respiration.
Phase 2 : Activité physique de faible intensité telle que la marche lente, le yoga léger, légères tâches ménagères et de jardinage, en augmentant graduellement la durée de 10-15 minutes par jour, lorsque l’exercice est bien toléré.
À ces deux niveaux, la personne devrait pouvoir tenir une conversation normale sans difficulté en faisant les exercices.
Phase 3 : Exercices aérobiques et de force d’intensité modérée, tel que la marche rapide, le jogging, la nage, le vélo, monter et descendre un escalier. Il ne faut pas avoir l’impression que l’exercice est « dur ». Il est suggéré de faire 2 intervalles de 5 minutes d’exercice séparés par un bloc de récupération. Les personnes devraient ajouter un intervalle par jour, si l’exercice est bien toléré.
Phase 4 : Exercices aérobiques et de force d’intensité modérée avec une maîtrise de la coordination et du fonctionnement, telle que la course à pied avec des changements de direction, des pas de côté, sans toutefois que cela ressenti comme trop difficile. Deux jours d’entraînement suivis d’un jour de récupération.
Phase 5 : Retour à l’exercice régulier (pré-COVID).
Figure 1. Reprise progressive de l’activité physique suggérée après la COVID-19. Adapté de Salman et coll., BMJ, 2021.
Il est proposé de consacrer un minimum de 7 jours à chaque phase pour éviter des augmentations soudaines de la charge d’entraînement. Cependant, les personnes doivent rester à la phase avec laquelle ils se sentent à l’aise aussi longtemps que nécessaire. Surveillez toute incapacité à récupérer 1 heure après l’exercice et le lendemain, un essoufflement anormal, une fréquence cardiaque anormale, une fatigue ou une léthargie excessive et des marqueurs de mauvaise santé mentale. Si cela se produit ou si vous ne progressez pas comme prévu, vous devez revenir à une phase d’activité antérieure et consulter un médecin en cas de doute. Tenir un journal de la progression de l’exercice, ainsi que de l’intensité de l’effort fourni, de tout changement d’humeur et, pour ceux qui ont l’habitude de le mesurer, de données objectives sur la condition physique telles que la fréquence cardiaque, peut être utile pour suivre les progrès.
Présenté en partenariat avec L'Observatoire De La Prévention de L'Institute de Cardiologie de Montréal.