Les plantes d’intérieur ont-elles des effets bénéfiques sur la santé ?

Dr Martin Juneau, M.D., FRCP Cardiologue et Directeur de la prévention, Institut de Cardiologie de Montréal. Professeur titulaire de clinique, Faculté de médecine de l'Université de Montréal. / Cardiologist and Director of Prevention, Montreal Heart Institute. Clinical Professor, Faculty of Medicine, University of Montreal.

 

EN BREF

  • Avoir des plantes d’intérieur et les entretenir peut :

    • Réduire le stress psychologique et physiologique.

    • Améliorer la convalescence après une opération chirurgicale.

    • Augmenter l’attention et la concentration.

    • Augmenter la créativité et la productivité.

 

Dans nos sociétés modernes où tout semble aller de plus en plus vite, plusieurs ressentent les effets néfastes du stress et de l’anxiété ; or cela semble s’être accentué depuis le début de la pandémie de COVID-19. Pendant le printemps et l’été 2020, de nombreux Québécois ont profité de la belle saison pour se ressourcer dans la nature, soit en visitant un parc, en faisant du camping, de la marche en forêt ou en louant un chalet à la campagne. À l’approche de l’hiver, les contacts avec la verdure se raréfient et les voyages dans des contrées aux climats plus chauds sont risqués et fortement déconseillés par la Santé publique. À part les randonnées dans nos belles forêts de conifères, un des seuls contacts possibles avec la verdure durant ce long hiver sera nos plantes vertes dont nous prenons soin dans nos logements. Les plantes d’intérieur décorent et amènent une touche naturelle dans nos foyers, mais ont-elles des effets bénéfiques avérés sur notre santé physique et mentale ?

Réduction du stress
Une revue systématique réalisée en 2019 a répertorié quelques 50 études sur les bienfaits psychologiques des plantes d’intérieur, la plupart de ces études étant de qualité moyenne. Les effets positifs les plus notables des plantes d’intérieur sur les participants sont une augmentation des émotions positives et une diminution des émotions négatives, suivi d’une réduction de l’inconfort physique.

Dans une étude randomisée contrôlée à plan croisé auprès de jeunes adultes, les participants ont vu leur humeur s’améliorer davantage après avoir transplanté une plante d’intérieur qu’après avoir exécuté une tâche à l’ordinateur. De plus, la pression artérielle diastolique et l’activité du système nerveux sympathique (réponse physiologique au stress) des participants étaient significativement moins élevées après avoir transplanté une plante qu’après avoir exécuté une tâche à l’ordinateur. Ces résultats indiquent que l’interaction avec des plantes d’intérieur peut réduire le stress psychologique et physiologique par comparaison à un travail mental.

Les plantes au bureau
Une équipe japonaise a réalisé en 2020 une étude sur les effets des plantes en milieu de travail sur le niveau de stress psychologique et physiologique des travailleurs. Dans la première phase de l’étude (1 semaine), les travailleurs travaillaient à leur bureau en absence de plante, alors que durant la phase d’intervention (4 semaines) les participants pouvaient voir et entretenir une plante d’intérieur qu’ils ont pu choisir parmi 6 différents types (bonsaï, tillandsia, echeveria, cactus, plante à feuillage, kokedama). Les participants ont reçu l’instruction de prendre une pause de trois minutes lorsqu’ils ressentaient de la fatigue et de prendre leur pouls avant et après la pause. Durant ces pauses de 3 minutes, les travailleurs devaient regarder leur bureau (avec ou sans plante d’intérieur). Les chercheurs ont mesuré le stress psychologique avec le questionnaire sur l’anxiété chronique et réactionnelle (STAI ; State-Trait Anxiety Inventory). L’implication des participants était donc à la fois passive (regarder la plante) et active (arroser et entretenir la plante).

Le stress psychologique évalué par le STAI était significativement, quoique modérément, moins élevé durant l’intervention en présence d’une plante d’intérieur que durant la période sans plante. La fréquence cardiaque de la majorité des patients (89 %) n’était pas significativement différente avant et après l’intervention, alors qu’elle a diminué chez 4,8 % des participants et augmenté chez 6,3 % des patients. On doit conclure que l’intervention n’a pas eu d’effet sur le rythme cardiaque qui est un indicateur du stress physiologique, même si elle a réduit légèrement le stress psychologique.

Une étude réalisée auprès de 444 employés de l’Inde et des États-Unis indique que les environnements de bureau incluant des éléments naturels telles les plantes d’intérieur et l’exposition à la lumière naturelle influencent positivement la satisfaction et l’implication au travail. Ces éléments naturels semblent agir comme des « tampons » contre les effets du stress et de l’anxiété générés par le travail.

Convalescence après une opération chirurgicale
Il semble que les plantes favorisent la convalescence de patients après une opération chirurgicale selon une étude réalisée dans un hôpital en Corée. Quatre-vingts femmes en convalescence après une thyroïdectomie ont été assignées au hasard à une salle sans plantes ou à une salle avec des plantes d’intérieur (à feuillage et à fleurs). Les données recueillies pour chaque patiente incluaient la durée de l’hospitalisation, l’utilisation d’analgésiques pour contrôler la douleur, les signes vitaux, l’intensité de la douleur perçue, l’anxiété et la fatigue, l’index STAI (stress psychologique) et d’autres questionnaires. Les patientes qui ont été hospitalisées dans des chambres avec des plantes d’intérieur et des fleurs ont eu une durée d’hospitalisation plus courte, pris moins d’analgésiques, ressenti moins de douleur, d’anxiété et de fatigue, et elles ont eu davantage d’émotions positives et une plus grande satisfaction à propos de leur chambre que les patientes qui ont récupéré de leur opération dans une chambre sans plantes. Les mêmes chercheurs ont réalisé une étude similaire auprès de patients qui récupéraient après une appendicectomie. Ici encore les patients qui avaient des plantes et des fleurs dans leur chambre ont mieux récupéré de leur opération chirurgicale que ceux qui n’avaient pas de plantes dans leur chambre.

Amélioration de l’attention et de la concentration
23 élèves à l’école élémentaire (âgés de 11 à 13 ans) ont participé à une étude où ils ont été mis dans une pièce où se trouvait soit une plante artificielle, une vraie plante, une photographie d’une plante ou pas de plante du tout. Les participants portaient un appareil d’électroencéphalographie sans fil durant les 3 minutes d’exposition aux différents stimuli. Les enfants qui ont été mis en présence d’une vraie plante étaient plus attentifs, plus à même de se concentrer que ceux des autres groupes. De plus, la présence d’une vraie plante était associée à une meilleure humeur en général.

Productivité
Une étude transversale auprès de 385 travailleurs de bureau en Norvège a trouvé une association significative, quoique très modeste, entre le nombre de plantes présentes dans leur bureau et le nombre de jours de congé de maladie et la productivité. En effet, les travailleurs qui avaient davantage de plantes dans leur bureau ont pris un peu moins de journées de congé de maladie et ont été un peu plus productifs au travail. Dans une autre étude, des étudiants américains devaient accomplir des tâches à l’ordinateur, en présence ou en absence de plantes d’intérieur dans des pièces sans fenêtre. En présence de plantes, les participants ont été plus productifs (12 % plus rapide dans l’exécution des tâches) et moins stressé puisque leur pression artérielle était moins élevée qu’en absence de plantes d’intérieur.

Et la qualité de l’air ?
Les plantes purifient-elles l’air de nos logements ? C’est une question intéressante puisque nous passons beaucoup de temps dans des habitations de plus en plus étanches, et que les matériaux et notre activité (ex. : cuisine) dégagent des polluants tels les composés organiques volatils (COV), des composés oxydants (ex. : ozone) et des particules fines. Une étude de la NASA a montré que les plantes et les microorganismes associés contenus dans le sol pouvaient réduire le niveau de polluants dans une petite chambre expérimentale étanche. Ces résultats favorables obtenus en laboratoire sont-ils observables dans nos habitations, écoles et bureaux ? Certaines études (celle-ci par exemple) concluent que les plantes font diminuer les concentrations de CO2, de COV et de particules fines (PM10). Ces résultats ont cependant été remis en question par des chercheurs (voir cette étude), qui mettent en doute la méthodologie utilisée dans les études sur le sujet et qui sont d’avis que les plantes sont inefficaces pour améliorer la qualité de l’air de nos bâtiments. Selon ces chercheurs, il vaudrait mieux focaliser les efforts de la recherche sur d’autres technologies d’assainissement de l’air, ainsi que sur les effets bénéfiques des plantes sur la santé humaine.

Conclusion :
Les plantes d’intérieur peuvent procurer des bienfaits pour la santé en diminuant le stress psychologique et physiologique. Posséder et entretenir des plantes peut améliorer l’humeur et augmenter l’attention et la concentration. De nouvelles études, plus puissantes et mieux contrôlées seront nécessaires pour mieux cerner et comprendre les effets des plantes sur la santé humaine.

Présenté en partenariat avec L'Observatoire De La Prévention de L'Institute de Cardiologie de Montréal.

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